Kate Morton – L’enfant du Lac

1933. Comment Theo Edevane, adorable poupon de onze mois, a-t-il pu disparaître durant la nuit de la Saint-Jean ? Les enquêteurs remuent ciel et terre, mais l’enfant demeure introuvable. Pour les parents comme pour les filles Edevane, la vie ne sera plus jamais la même après ce drame. La maison du lac, la propriété tant aimée, est fermée et laissée à l’abandon.
Soixante-dix ans plus tard, Sadie Sparrow, jeune détective londonienne en vacances dans les Cornouailles, curieuse et momentanément désœuvrée, s’intéresse à cette mystérieuse disparition. Elle reprend l’enquête, au grand dam de l’une des sœurs aînées de Theo, Alice, devenue écrivain à succès.

C’est grâce à Margaud Liseuse que j’ai découvert Kate Morton et elle parlait tellement bien de ce titre que pour découvrir l’autrice , j’ai décidé de m’y plonger.

Nous débutons notre histoire aux côtés de Sadie Sparrow , enquêtrice à Londres et qui est mise au vert par son patron pour s’être trop impliquée dans sa précédente affaire. Elle décide de passer ses vacances forcées en Cornouilles chez son grand-père. Lors d’une de ses sorties matinales , elle tombe sur une demeure laissée à l’abandon qui va tout de suite l’intriguer et qui va la conduire à une affaire non résolue vieille de 70 ans. Cette affaire n’est qu’autre que la disparition du petit Théo Edevane qui va conduire Sadie à essayer de comprendre ce qu’il s’est passé et à résoudre l’affaire , ce qui risque de déterrer les secrets les plus intimes de la famille.

En ce qui concerne les personnages , nous avons Sadie qui est une femme ultra persévérante , qui a beaucoup d’instinct et est assez têtue. Son boulot est sa véritable raison de vivre et aussi une manière de fuir son passé. Passé qui sera également mis en parallèle de celui de la famille Edevane. Quant à Alice , deuxième grand protagoniste de l’histoire et la deuxième enfant des époux Edevane , nous allons la suivre particulièrement lors de son enfance en 1933 , une jeune fille pleine de vie , intelligente , excentrique et confiante en son avenir , elle a un don pour l’écriture et l’imagination , voyant son père comme un héros , attachée à son domaine et ses terres bref , savourant la vie comme tout enfant devrait le faire.

Et en 2003 , nous retrouvons une Alice âgée mais encore très alerte , plutôt froide et distante que l’on devine être une carapace. Devenue autrice de romans policiers , elle semble s’isoler de beaucoup de choses comme si elle voulait se punir , comme si elle s’interdisait d’être heureuse et de redevenir l’enfant espiègle qu’elle était jadis. Mais Alice et Sadie ne sont pas les seuls personnages de l’histoire , il y a aussi toute la famille Edevane dont je parlerais ici comme d’une entité à part entière ; il y a trois composantes qui la constituent , les non-dits , les rancunes cachées et savoir tenir les apparences coûte que coûte. Autant d’éléments qui participera au drame que va vivre cette famille.

Pendant notre lecture , nous serons principalement baladés entre deux temporalités ; en 1933 et 2003. La partie de 1933 concernera le déroulement des évènements avant et après la disparition du petit Théo et en 2003 , nous suivrons l’avancée de l’enquête de Sadie. De temps à autre , nous faisons des bons dans certaines années pour mieux nous expliquer les tenants et aboutissants de certains cheminement d’évènements mais à aucun moment , l’autrice nous perd magnant le temps d’une main de maître et il n’y a pas que le temps qu’elle manie à la perfection puisque l’histoire a été un véritable coup de coeur , la plume de Kate Morton est émouvante et cruelle à la fois et plus d’une fois , ça m’a remué.

La seule chose que je pourrais lui reprocher , c’est le traitement du personnage de Sadie où sa précédente affaire continue à la hanter et de temps en temps on nous sort carrément de l’intrigue principale pour nous replonger dans son enquête et même si on se doute que cela sert à faire certains parallèles , ça casse malheureusement le rythme de l’avancée de l’affaire Edevane. Et je ne vais pas vous le cacher , je m’en battais l’aile pour rester polie de sa précédente affaire , je n’avais qu’une hâte , retrouver la famille Edevane et percer tous leurs secrets. Un autre point où je suis un peu mitigée , c’est le dénouement que je trouve un peu facile ce qui contraste un tant soit peu avec la construction globale du livre mais je chipote un peu parce que ce roman est une vraie pépite que je ne peux que vous recommander si vous aimez les histoires de famille.

Ce roman est une fresque qui dépeint une réalité qui peut être cruelle et qui nous montre que tout finit par se savoir un jour , que chaque parole prononcée , chaque lettre écrite et chaque regard à la dérobée échangé peut être mis au vu et au su de tous même des décennies plus tard. Même la mort n’empêche pas la vérité d’éclater mais c’est aussi une histoire qui nous prouve qu’il ne faut jamais perdre espoir et qu’il faut savoir faire confiance en la vie.